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Un mural du chanteur jamaĂŻcain Bob Marley, le 8 fĂ©vrier 2009 Ă Kingston image d'illustration SAMAD "C'est un jour historique", pour la ministre de la Culture jamaĂŻcaine, Olivia Grange. Le reggae a Ă©tĂ© inscrit ce jeudi sur la liste du patrimoine culturel immatĂ©riel par l'Unesco lors de la treiziĂšme rĂ©union de son comitĂ© intergouvernemental Ă Port-Louis, sur l'Ăle Maurice. LIRE AUSSI >> Parfums de Grasse, reggae... A quoi sert le label Unesco? L'organisme de l'Onu a soulignĂ© "la contribution" de cette musique jamaĂŻcaine Ă la prise de conscience internationale "sur les questions d'injustice, de rĂ©sistance, d'amour et d'humanitĂ©, et sa dimension Ă la fois "cĂ©rĂ©brale, socio-politique, sensuelle et spirituelle". "Si, Ă ses dĂ©buts, le reggae Ă©tait la voix des communautĂ©s marginalisĂ©es, il est dĂ©sormais jouĂ© et adoptĂ© par une importante partie de la population, tous groupes ethniques et religieux confondus", a ajoutĂ© l'Unesco. Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1⏠sans engagement Rapidement populaireLe reggae rejoint grĂące Ă l'Unesco une liste de quelque 400 traditions culturelles, allant de la pizza napolitaine au zaouli, musique et danse des communautĂ©s gouro de CĂŽte d'Ivoire. Cette dĂ©cision "aide Ă placer la JamaĂŻque sur une carte", s'est encore rĂ©jouie Olivia Grange pour l'AFP. "OĂč que vous alliez, quand vous dites que vous ĂȘtes de JamaĂŻque, on vous dit 'Bob Marley'", poursuit-elle. Le reggae a Ă©mergĂ© Ă la fin des annĂ©es 1960. Style musical issu du ska et du rocksteady, il a aussi intĂ©grĂ© des influences du jazz et du blues. La musique est ensuite vite devenue populaire aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, importĂ©e par les nombreux immigrĂ©s jamaĂŻcains aprĂšs la Seconde Guerre mondiale. C'est la chanson Do the Reggay de Toots and the Maytals, qui a Ă©tĂ© la premiĂšre en 1968 a utiliser le nom de reggae. Mais la musique a ensuite connu un succĂšs mondial grĂące Ă des classiques de Bob Marley et son groupe the Wailers comme No Woman, No Cry et Stir It Up. La musique des opprimĂ©sLe reggae s'est souvent revendiquĂ© comme la musique des opprimĂ©s, abordant des questions sociales et politiques, la prison et les inĂ©galitĂ©s. "Le reggae est un distillat des diffĂ©rents genres jamaĂŻcains, remontant jusqu'aux temps de l'esclavage", estime le musicologue jamaĂŻcain Garth White, dans une vidĂ©o mise en ligne par l'Unesco. Il est Ă©galement indissociable du rastafarisme, mouvement spirituel qui sacralise l'empereur Ă©thiopien HaĂŻlĂ© SĂ©lassiĂ© et promeut l'usage de la ganja, ou marijuana. Pour JerĂŽme Levasseur, directeur du Bagnols Reggae Festival, festival de reggae qui se tient Ă Bagnols-sur-CĂšze, dans le sud de la France, l'inscription du reggae sur la liste du patrimoine immatĂ©riel de l'Unesco est une "excellente nouvelle". Le reggae "n'a jamais eu la reconnaissance qu'il mĂ©rite et a toujours Ă©tĂ© un peu Ă la marge", a-t-il dĂ©clarĂ© Ă l'AFP. Les plus lus OpinionsLa chronique de Vincent PonsVincent Pons, avec Boris VallĂ©eLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles PialouxBienqu'il soit moins connu que Bob Marley, c'est Ă Toots Hibbert que l'on attribue l'origine du reggae, avec la chanson "Do the Reggay". C'est "une grande perte pour le monde de la musique", s'est attristĂ© Mick Jagger.
La musique est omniprĂ©sente en JamaĂŻque, on peut en entendre partout et tout le temps, elle donne une identitĂ©, une culture, trĂšs fortes. Le reggae et son inspirateur Bob Marley sont certainement les Ă©lĂ©ments qui ont fait de cette Ăźle des CaraĂŻbes une rĂ©fĂ©rence qui inspire encore des artistes du monde entier. Bob Marley a mis en lumiĂšre la JamaĂŻque en dĂ©montrant que la musique pouvait ĂȘtre une arme de lutte trĂšs puissante pour transmettre des messages en Ă©vitant toute forme de violence. On vient aujourdâhui du monde entier en JamaĂŻque, pour dĂ©couvrir le pays et sa culture, avec en tĂȘte lâimage omniprĂ©sente de lâartiste. Si vous dĂ©cidez de voir Kingston, nâoubliez pas de vous rendre au MusĂ©e Bob Marley, un endroit incontournable Ă visiter en JamaĂŻque ! Il est situĂ© au 56, Hope Road Ă Kingston. Câest ici que le cĂ©lĂšbre chanteur vivait et câest Ă©galement Ă cet endroit quâil a survĂ©cu Ă une tentative dâassassinat en 1976. Ouvert en mai 1986, le musĂ©e ne se visite quâavec un guide et les appareils photo et camĂ©scopes sont malheureusement interdits Ă lâintĂ©rieur. Il sâagit davantage de dĂ©couvrir lâhistoire de Bob Marley Ă travers sa maison que dây voir une exposition. On regrette dâailleurs que le prix dâentrĂ©e soit si Ă©levĂ© pour si peu. Lâancienne maison oĂč Bob Marley a vĂ©cu entre 1975 et 1981, a Ă©galement abritĂ© son studio dâenregistrement, Tuff Gong, et sa boutique de disques. La visite se termine dans le théùtre Bob Marley, par la projection dâun montage vidĂ©o de 20 minutes en anglais Ă base dâinterviews qui retracent lâessentiel de la carriĂšre et de la philosophie du chanteur. Depuis le mois de novembre 2018, le reggae de la JamaĂŻque est inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatĂ©riel de lâhumanitĂ© de lâUnesco. LâUnesco reconnaĂźt sa contribution au discours international sur les questions dâinjustice, de rĂ©sistance, dâamour et dâhumanitĂ© » et souligne sa nature Ă la fois cĂ©rĂ©brale, socio-politique, sensuelle et spirituelle. » La candidature du reggae Ă©tait portĂ©e par la JamaĂŻque. Ce style musical a Ă©mergĂ© Ă la fin des annĂ©es 1960. Issu du ska et du rocksteady, il a aussi intĂ©grĂ© des influences du jazz et du blues dâAmĂ©rique. La musique est vite devenue populaire aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, importĂ©e par les nombreux immigrĂ©s jamaĂŻcains aprĂšs la seconde guerre mondiale. Elle sâest souvent revendiquĂ©e comme la musique des opprimĂ©s, abordant des questions sociales et politiques, la prison et les inĂ©galitĂ©s. Si lorsquâon parle de musique JamaĂŻcaine câest au reggae que lâon pense au premier abord, il ne faut pas pour autant limiter la culture musicale du pays Ă cet unique style. La figure de Bob Marley masque une importante diversitĂ© musicale mais dâautres courants sont imprĂ©gnĂ©s de lâhistoire de la JamaĂŻque les souffrances de lâesclavage et de la colonisation alimentent le jazz et le blues, les musiques urbaines contemporaines sâinventent dans les ghettos de Kingston dans les annĂ©es 1950. Sans oublier le ska ou le dancehall. Alexandre Grondeau, auteur du livre Reggae Ambassadors, considĂšre que tous les genres de la musique jamaĂŻcaine ont des bases communes et il les dĂ©finit ainsi Ce que je retiens, câest que les thĂ©matiques qui reviennent tout le temps sont la rĂ©bellion, la spiritualitĂ©, et lâuniversalitĂ©. Ce sont les fondations de la musique reggae, et lâĂ©volution, les Ă©poques, les modes, la technologie en sont lâarchitecture.» Interview pour le site musical Slate, septembre 2016
çamĂ©rite d'ĂȘtre soulignĂ©. Mon pĂšre Ă©coutait plutĂŽt Brassens, Brel, FerrĂ© etc autrement. C'est un disque que j'ai dĂ» Ă©couter 1000 fois dans ma vie! Et quand j'Ă©tais petit, je comprenais "T'es o.k., tes bottes"!!! Moi, quand j'Ă©tais petit, je croyais que la chanteuse avait une madeleine sur la tĂȘte!Il n'y a pas que Bob Marley et le reggae en JamaĂŻque Kingston est Ă l'avant-garde des musiques populaires urbaines depuis un demi-siĂšcle. Le DJ, le MC, le remixe, le dub, les sound systems et le twerk viennent aussi de cette petite Ăźle des CaraĂŻbes, immense en terme de rayonnement international. C'est ce que raconte l'exposition "Jamaica, Jamaica!" qui dĂ©bute mardi 4 avril Ă la Philharmonie. est votre rapport personnel Ă la JamaĂŻque et Ă ses musiques ?SĂ©bastien Carayol, commissaire de l'exposition "Jamaica, Jamaica !" Ma connaissance sâest bĂątie via le canal londonien, oĂč vit une forte communautĂ© jamaĂŻcaine. Je venais du punk rock et du rap et je nâĂ©tais pas fan de reggae jusquâĂ ce que je lâentende pour la premiĂšre fois sur un sound system, Ă Londres, il y a plus de 20 ans. Ca a Ă©tĂ© pour moi lâĂ©piphanie de ce que peut ĂȘtre cette musique. Jâai ensuite commencĂ© Ă aller trĂšs rĂ©guliĂšrement Ă Londres parce quâĂ lâĂ©poque en France il nây avait pas vraiment de sound system comme Jah Observer, Jah Shaka ou Sir Coxsone qui jouaient les morceaux qui me plaisaient. Aujourdâhui, jâai une collection de disques consĂ©quente car la musique jamaicaine câest essentiellement le vinyle et les 45T. Et puis la curiositĂ© a fini par me pousser Ă aller voir sur place. musiques jamaĂŻcaines ont-t-elles encore besoin dâĂȘtre dĂ©fendues, expliquĂ©es en 2017 ?Oui, parce que les musiques jamaĂŻcaines souffrent de beaucoup de clichĂ©s. Et parce que lâicĂŽne Bob Marley, la premiĂšre superstar du Tiers Monde, est lâarbre qui cache la forĂȘt. A la diffĂ©rence de la gĂ©nĂ©ration dâavant la mienne, jâai plus Ă©tĂ© marquĂ© par lâexpĂ©rience des sound systems que par Marley il est mort quand j'avais six ans, je n'ai pas "grandi" avec lui, ce qui a donnĂ© a notre gĂ©nĂ©ration une expĂ©rience underground du reggae - et non celle quâont pu avoir les gens avant nous lorsque cette musique brassait des millions et qu'elle reprĂ©sentait un enjeu Ă©conomique important. Jâai lâimpression que dans la galaxie des grandes musiques dites "noires" le terme est trĂšs dĂ©battable, le jazz, la soul, le funk et le rap se sont hissĂ©s Ă un niveau de respectabilitĂ© que nâa jamais atteint le reggae. Câest une musique trĂšs populaire, câest vrai, mais la partie des musiques jamaĂŻcaines que les gens connaissent sâĂ©tale en gĂ©nĂ©ral sur une dizaine dâannĂ©es alors que câest une musique qui a des genres et des sous genres aussi riches et variĂ©s que le jazz ou le blues. Ca câest quelque chose qui me tenait Ă cĆur de dĂ©fendre. est votre objectif avec cette exposition, que voulez vous montrer ? Je veux montrer non seulement la diversitĂ© musicale mais aussi tout ce que la JamaĂŻque a créé comme inventions pour les musiques urbaines dâaujourdâhui. Bien que le rap ne soit pas nĂ© en JamaĂŻque les premiers MCs comme Coke La Rock citent plutĂŽt les Last Poets, voire le comĂ©dien Richard Pryor comme inspirateurs de leur flow!, lâĂźle a vraiment contribuĂ© Ă crĂ©er des pratiques que lâon retrouve dans toute la culture Dj mondiale le sĂ©lector qui passe des disques, le toasteur qui parle par dessus la musique autour des sound system, les premiers remixes, le dub. Tout ça nâest pas forcĂ©ment chaque fois inventĂ© en JamaĂŻque mais câest lĂ quâon se met Ă lâenregistrer sur disque. Ca devient une forme de rap local qui se dĂ©veloppe en parallĂšle au rap amĂ©ricain. Par ailleurs, la soirĂ©e sound system est un biotope qui ne crĂ©e pas que de la musique il y a du graphisme pour les flyers qui annoncent les soirĂ©es, des peintres dâart mural et une mode vestimentaire qui marque le dĂ©but du streetwear. Toutes ces choses sont trĂšs connues des spĂ©cialistes, mais beaucoup moins du grand public qui ignore que nombre dâinventions quâon utilise dans la musique populaire aujourdâhui viennent de cette Ăźle pauvre et minuscule Ă peine plus grande que la Corse. Et câest ce qui est intĂ©ressant aussi le ratio taille-rayonnement de la JamaĂŻque est complĂštement inĂ©galĂ© dans le monde. avez reconstituĂ© pour lâexposition trois studios emblĂ©matiques de Kingston. Comment et Ă quel point ?Ce sont des Ă©vocations parce que câest trĂšs difficile de trouver des instruments intacts lĂ bas. Pour la reconstitution de Studio One par exemple, on a lâorgue au son trĂšs particulier de Jackie Mittoo, organiste et directeur artistique du studio. Il faut savoir que Studio One nâavait jamais rien prĂȘtĂ© Ă aucune exposition car ils ne font pas confiance aux institutions. Au-dessus de lâorgue, il y a une fresque identique Ă celle du studio de Kingston je lâai faite reproduire dâaprĂšs une photo prise sur place. On a aussi le sound system du producteur Coxsone Dodd de Studio One , il avait 5 ou 6 sound system comme ça quâil faisait tourner Ă travers lâile pour promouvoir ses disques et sa console de mixage. Ma grande fiertĂ© câest dâavoir rĂ©cupĂ©rĂ© lâenseigne lumineuse du magasin de disques des annĂ©es 70 quâavait Coxsone Dodd. Je savais quâelle existait et jâai mis quatre heures Ă en retrouver les diffĂ©rents morceaux dans lâancienne usine de pressage de Studio One, en soulevant des crottes de rats et dâaraignĂ©es rires. Pour la reconstitution du studio Black Ark du producteur Lee Perry, le Salvador Dali du dub, on verra une projection qui le montre en train de mixer, Ă sa façon trĂšs extravagante, en short. Jâai rĂ©cupĂ©rĂ© ses incroyables vieux vĂȘtements exposĂ©s sur le sol, dans son ancienne maison de Kingston. Ca a donnĂ© lieu a une autre sĂ©ance de spĂ©lĂ©ologie, cette fois en compagnie de son frĂšre qui occupe encore une partie de cette maison quasi-abandonnĂ©e -Lee Perry rĂ©side en Suisse depuis des annĂ©es. sont les piĂšces et documents que vous ĂȘtes le plus fier de prĂ©senter ?La console de mixage et le sound system de King Tubby, l'ensemble des percussions de Count Ossie, qui dirige le premier groupe de Rastas Ă entrer en studio en 1919, la guitare artisanale du pionnier Hedley Jones Ă voir au dĂ©but de l'exposition Ă cĂŽtĂ© de la batterie des Skatalites, ou celle en forme de mitraillette M16 de Peter Tosh - tous ces objets sont les tĂ©moins de l'innovation frondeuse de "l'esprit jamaĂŻcain". Sans oublier bien sĂ»r le manuscrit de Bob Marley pour Turn Your Lights Down, ainsi que ses ultra-rares dubplates exclusives enregistrĂ©es pour le sound system Tippatone... Mais ce qui Ă©tait important pour moi, outre de montrer les instruments, câĂ©tait dâinviter la JamaĂŻque a parler dâelle mĂȘme. On peut donc voir dans chaque salle des Ćuvres dâartistes contemporains classiques dont on nâa jamais exposĂ© le travail en Europe. Tout ça vient de musĂ©es en JamaĂŻque, qui ont acceptĂ© de prĂȘter pour la premiĂšre fois et Ă titre gracieux. Pour moi, qui connaĂźt pourtant bien la JamaĂŻque, la richesse de la crĂ©ation jamaĂŻcaine depuis le 17e exposĂ©e dans ces musĂ©es a Ă©tĂ© une vraie dĂ©couverte. Toujours dans ce souci de faire intervenir des JamaĂŻcains, on a Ă©galement invitĂ© dans lâexpo un vrai artiste de rues qui peint dans tous les studios de lâĂźle, Danny Coxson, 56 ans. Il est venu un mois et demi travailler en rĂ©sidence grĂące a une bourse de lâInstitut français et il a peint de trĂšs grandes fresques et des petits portraits tout au long de lâexposition. Rien ne peut remplacer cette aventure humaine. JâĂ©tais content quâon puisse faire intervenir ce genre dâartiste venu directement du ghetto, dont je trouve le travail trĂšs Ă©mouvant. AprĂšsle dĂ©part du chanteur, câest John Holt qui est dĂ©signĂ© leader du groupe. Lâaventure avec The Paragons va durer un peu plus de 5 ans. John Holt y interprĂ©tera notamment les deux titres les plus cĂ©lĂšbres du groupe que sont « The Tide Is High » qui fut repris par Blondie puis Atomic Kitten, ainsi que les morceaux « Man Next Door » et « Wear you to the ball ».
Alpha Boys School le jazz en pleine instruction coloniale 1 Avant lâindĂ©pendance, des musiciens de musique folklorique, de mento et de jazz impressionnĂšrent le ... 1De toutes ses expressions culturelles et artistiques, la musique est probablement ce que la JamaĂŻque a offert au monde de plus vivace. Cette situation remonte Ă lâĂ©poque des plantations, de lâesclavage et du colonialisme, oĂč la musique jouait un rĂŽle de premier plan dans la reconstruction et la perpĂ©tuation dâune identitĂ© chez les JamaĂŻcains originaires dâAfrique1. 2 Les ensembles Fife and Drums », apparus dans les armĂ©es europĂ©ennes modernes, rĂ©unissent fifres e ... 3 Entre les annĂ©es 1930 et les annĂ©es 1970, de nombreux cuivres reconnus Ă lâinternational sont passĂ© ... Parmi les institutions qui tĂ©moignent du passĂ© colonial de la JamaĂŻque, on retrouve lâAlpha Cottage School, ouverte en 1880 par Justina Ripoll SĆur Mary Claver issue de lâordre catholique des SĆurs de la MisĂ©ricorde. Cette institution avait Ă©tĂ© conçue comme une Ă©cole technique pour les orphelins, les enfants abandonnĂ©s ou les gamins des rues. En 1893, un orchestre de Fife and Drums2 fut créé, marquant ainsi le dĂ©but de lâintĂ©rĂȘt portĂ© Ă la musique au sein de cette Ă©cole. En 1908, un don dâinstruments provenant de lâĂ©vĂȘchĂ© catholique de JamaĂŻque permit Ă lâinstruction musicale devenue lĂ©gendaire de lâAlpha School de sâancrer et de se dĂ©velopper. Les annĂ©es qui suivirent, lâĂ©cole se distingua en devenant le lieu de formation de nombreux musiciens aguerris, en particulier pour les instruments Ă vent. On peut dâailleurs estimer que neuf sur dix des plus grands musiciens jamaĂŻcains ayant existĂ© entre la fin du xixe siĂšcle et les annĂ©es 1970 sont passĂ©s par lâAlpha Boys School3. 4 Comme lâexplique le saxophoniste Tony Greene SĆur Igniatius disait par exemple Ă un garçon âmon ... 2Pendant plus de soixante ans, une sĆur en particulier, SĆur Mary Iggy » Ignatius 1921-2003, affectueusement surnommĂ©e la mĂšre de la musique jamaĂŻcaine », a tendrement encouragĂ© et guidĂ© les garçons passĂ©s par lâinstitution, dont la grande majoritĂ© provenait de familles Ă©clatĂ©es, de familles paysannes, pauvres, dĂ©sĆuvrĂ©es ou dans le meilleur des cas, de foyers ouvriers. Lâhistoire veut que SĆur Iggy ait elle-mĂȘme eu une influence directe sur lâĂ©mergence des musiciens les plus talentueux de la JamaĂŻque, en parvenant grĂące Ă son oreille musicale Ă les orienter vers lâinstrument qui leur correspondait le mieux4. On attribue Ă la SĆur Ignatius la dĂ©couverte de nombreux grands instrumentistes parmi les garçons les plus douĂ©s de lâĂ©cole. Elle a cultivĂ© chez eux des compĂ©tences et des attitudes qui allaient propulser certains Ă©lĂšves de cette noble institution de Kingston dans le monde entier. 3Lâacquisition des compĂ©tences et des attitudes nĂ©cessaires commençait par la participation Ă des concerts lors dâĂ©vĂšnements locaux et nationaux, ou, Ă lâoccasion, dans des maisons de la classe aisĂ©e. DâaprĂšs Sparrow Martin 2007, chef dâorchestre et ancien Ă©lĂšve de lâAlpha School, en plus de se produire dans les maisons somptueuses des blancs ou des mĂ©tis fortunĂ©s, lâorchestre de lâĂ©cole endossait Ă©galement des fonctions officielles Ă la Kingâs House, la rĂ©sidence du Gouverneur gĂ©nĂ©ral. On nous apprenait toutes sortes de morceaux pour les diffĂ©rents Ă©vĂšnements. Ă lâoccasion, lorsque des dignitaires ou des monarques Ă©trangers visitaient lâĂźle, on jouait des morceaux pour danser, pour dĂźner, et mĂȘme pour lâentrĂ©e des officiels dans la piĂšce. Dans ces moments, on jouait des chansons comme Happy Wonderer », The Morin », et Colonial Boogie ». Rico Rodriguez, le cĂ©lĂšbre tromboniste rastafarien confirme 2005 Les airs folkloriques jamaĂŻcains et caribĂ©ens, la musique classique europĂ©enne, les airs populaires amĂ©ricains et britanniques Ă©taient encouragĂ©s. En revanche, le ragtime, le blues et le jazz Ă©taient mal vus. Mais plus tard, SĆur Ignatius a autorisĂ© certains des meilleurs musiciens comme Donald Drummond Ă se produire avec des groupes comme celui dâEric Deans. Les annĂ©es de formation clubs jazz et musiciens 4Si le jazz en JamaĂŻque nâa jamais rĂ©ussi Ă conquĂ©rir un large public, il a toujours rĂ©uni un noyau fidĂšle de spectateurs. Au milieu des annĂ©es 1920, le Gleaner, quotidien le plus important de JamaĂŻque, commença Ă utiliser le mot jazz dans ses pages, dans des publicitĂ©s pour des fĂȘtes dansantes, des concerts et pour les sorties des derniers disques de jazz. Ces annonces publiques tiraient profit dâun intĂ©rĂȘt croissant pour cette musique amĂ©ricaine en plein essor. Toutefois, comme dans son pays dâorigine, le jazz possĂ©dait Ă©galement ses dĂ©tracteurs sur lâĂźle, plus particuliĂšrement mais pas uniquement au sein de lâĂ©lite, qui ne reconnaissait de valeur quâĂ la musique classique. Le hot jazz, comme on lâappelait alors souvent, mĂ©langeait des Ă©lĂ©ments venus du ragtime, des rythmes dâAfrique de lâOuest, des marches de fanfares, des spirituals, des work songs et des quadrilles français. Certains aspects de cette musique Ă©mergente Ă©taient dĂ©jĂ connus de la plupart des JamaĂŻcains. Les spirituals Ă©taient trĂšs courants, et le ragtime faisait partie du rĂ©pertoire des pianistes depuis le dĂ©but du siĂšcle. Pour la plupart des musiciens, leurs connaissances des cuivres leur venaient essentiellement de la fanfare de lâArmĂ©e du Salut, ou des sections de cuivres des orchestres du West India Regiment ou de lâAlpha Cottage. 5 SituĂ© Ă proximitĂ© du port, Ă lâest de Kingston, le Bournemouth Bath and Club Ă©tait rĂ©servĂ© Ă lâĂ©lit ... 5Deux orchestres de bal importants de lâĂ©poque incorporĂšrent le jazz Ă leur rĂ©pertoire les Ramblers et les Pep Entertainment Players. Ces deux sextets, composĂ©s de musiciens blancs, Ă©taient apprĂ©ciĂ©s de la classe supĂ©rieure de la ville, le trĂšs sĂ©lect Bournemouth Club dâEast Kingston jouant un rĂŽle fondamental dans leur succĂšs5. Parmi les autres orchestres de lâĂ©poque, on retrouve les Deluxe Syncopators ainsi que les Hot Strutters. Cyril Harris dirigeait ce dernier groupe. Ce pianiste chevronnĂ© nâhĂ©sitait pas Ă se rendre Ă New York Ă lâoccasion pour se tenir au courant des derniĂšres tendances Ă©manant de ce berceau du jazz. Mais sâil a introduit les courants de jazz les plus rĂ©cents au sein du public, Cyril Harris sâest Ă©galement chargĂ© dâenseigner aux musiciens diffĂ©rents aspects de lâinterprĂ©tation de lâauthentique jazz moderne. 6 Le Constant Spring Hotel, aujourdâhui devenu le LycĂ©e de lâImmaculĂ©e Conception Ă destination des ... 6Les Hot Strutters se produisaient rĂ©guliĂšrement au Murcott Lodge, au centre de Kingston, mais aussi au Conversorium et au Lucas Sports Club, situĂ©s dans le quartier de Rollington Town. Les Syncopators Ă©taient dirigĂ©s par Adrian Duncan, un pianiste de formation classique qui fut lâun des premiers colporteurs du jazz, son premier groupe ayant Ă©tĂ© formĂ© dĂšs 1922. Les Syncopators rassemblaient un personnel mixte, composĂ© de musiciens nĂšgres » et mulĂątres ». Ils se produisaient souvent au trĂšs chic Constant Spring Hotel, au nord de St Andrew, mais aussi, parmi dâautres lieux de concerts sĂ©lects, au Conversorium6. LâintĂ©rĂȘt croissant suscitĂ© par le jazz a conduit Ă la formation dâun nombre dâorchestres de danse plus importants dans les annĂ©es 1930. Lâune des figures centrales de la scĂšne jazz locale Ă©tait Albert Bertie » King, qui forma ses cĂ©lĂšbres Rhythm Aces en 1931, et domina la scĂšne de la danse et du jazz Ă Kingston pendant les 5 annĂ©es suivantes. Parmi les autres orchestres connus Ă Ă©merger Ă lâĂ©poque, on trouve, entre autres, les Red Devils de Redver Cooke, John Weston et le Blue Rhythm, les formations de Steve Dick, de Milton McPherson ou encore les Rhythm Raiders de Dan Williams. 7Ă la fin des annĂ©es 1930, les orchestres de danse locaux jouaient du swing et une nouvelle forme, plus dansante, de jazz amĂ©ricain, qui devint la marque de fabrique des fĂȘtes et des bals locaux jusque dans les annĂ©es 1940. Les formations swing de lâĂźle sâinspiraient complĂštement de leurs Ă©quivalents amĂ©ricains, interprĂ©tant les mĂȘmes arrangements Ă©crits. Les orchestres amĂ©ricains qui exerçaient la plus grande influence sur les formations locales Ă©taient ceux dirigĂ©s par Tommy Dorsey, Glen Miller, Count Basie et Duke Ellington. 8Au dĂ©but des annĂ©es 1940, les deux orchestres qui portent lâĂ©tendard du swing sur lâĂźle sont ceux de Milton McPherson et de Redver Cooke, tous deux formĂ©s au dĂ©but des annĂ©es 1930. Lâorchestre swing dirigĂ© par McPherson Ă©tait considĂ©rĂ© par beaucoup comme le meilleur orchestre Ă avoir jamais existĂ© sur lâĂźle, rassemblant la crĂšme des musiciens locaux. Ses prouesses lui valurent dâĂȘtre affublĂ© du surnom de King of Swing ». Il se produisait dans tous les lieux importants, les clubs comme celui de Bournemouth, le Slipper Silver ou le Springfield, ainsi quâau Carib Theatre. McPherson est Ă©galement Ă lâorigine dâun all star show » intitulĂ© Fashions in Music » qui sâest tenu au Ward Theatre en 1943. Ce concert trĂšs attendu prĂ©sentait les derniers dĂ©veloppements du jazz des big bands. Cooke, qui Ă©tait souvent appelĂ© le King of Bounce », jouissait Ă©galement dâun grand succĂšs, plus particuliĂšrement parmi les masses. Il dirigeait son Red Devilâs Orchestra sur toutes les scĂšnes majeures de lâĂźle. 9Les compĂ©titions entre groupes, dont lâorigine remonte aux annĂ©es 1920, sont un autre facteur ayant contribuĂ© Ă stimuler lâintĂ©rĂȘt du public pour le jazz et le swing. En 1926, le Gleaner montre le Palace Orchestra, orchestre rĂ©sident du Palace Theater, dans une compĂ©tition amicale avec le Hot Tamale, orchestre venu de Panama. En 1935 et 1936, les Rhythm Aces de Bertie King remportĂšrent les championnats des orchestres de danse. En 1939, Steve Dick, pianiste de jazz et chef dâorchestre rĂ©putĂ©, domina le trompettiste Doc Bramwell et ses Springfield Specials en finale dâun tournoi Ă Ă©limination directe organisĂ© au Palace Theatre. GrĂące Ă cette victoire, lâorchestre de Dick sera souvent dĂ©signĂ© comme les Jamaicaâs Kings of Jazz » et lui, comme le Swing King ». Ces confrontations se poursuivirent dans les annĂ©es 1940, Redver Cooke et Eric Deans remportant le titre Ă quelques occasions. Les jam-sessions jouaient Ă©galement un rĂŽle dâimportance, permettant de maintenir les musiciens en forme, et leur donnant Ă entendre ce que jouaient leurs collĂšgues. La fiĂšvre du swing qui fit rage dans les annĂ©es 1940 marqua Ă©galement lâarrivĂ©e dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration de musiciens. Eric Deans et ses Liberators, Delroy Stephens et ses Commandos, les Lennox Syncopators de Rupert Miller, George Moxey et Roy White, entre autres, sâinstallĂšrent dans le paysage dynamique des orchestres de danse swing de Kingston. Toutefois, Ă la fin des annĂ©es 1940, mĂȘme sâil Ă©tait encore jouĂ©, le swing connut un dĂ©clin. Le jazz avait atteint une nouvelle phase de son Ă©volution le bebop avait dĂ©barquĂ© en JamaĂŻque. 10Le saxophoniste alto Roy Coburn et son Blue Flames Orchestra, ainsi que le trompettiste Jack Brown avec son orchestre Ă©taient deux des musiciens qui introduisirent formellement le bebop dans le rĂ©pertoire de leur groupe. Dâautres musiciens, comme le trompettiste Con Lewis ou le saxophoniste Marcus Brown au tĂ©nor, incorporĂšrent des aspects du jeu bebop dans leurs diverses formations. En 1948, le trompettiste Sonny Bradswhaw et ses Beboppers embrassĂšrent cette nouvelle tendance avec entrain. Lâenthousiasme de Bradshaw et de ses acolytes touchait non seulement aux aspects musicaux du bebop, mais aussi au style vestimentaire et au langage qui lui Ă©taient associĂ©s. Les Beboppers amenaient ce style de jazz dans des clubs comme le Wickie Wackie Club de Bull Bay, le Success Club sur Wildman Street, mais aussi dans des concerts qui se tenaient dans des salles de spectacle Ă succĂšs. 11Les visites de groupes swing et jazz Ă©trangers, comme celle du Hot Tamale en 1926, avaient permis dâamĂ©liorer les connaissances du public en matiĂšre de jazz et Ă©taient accueillies avec une certaine exaltation. Les rĂ©cits indiquent que câest la visite de deux orchestres panamĂ©ens en 1937 qui accrocha tout particuliĂšrement le public. Il sâagissait de Gussie Trym and his Swing Aces, un orchestre formĂ© de onze musiciens arrivĂ© au mois de mai, ainsi que de lâorchestre de neuf musiciens dirigĂ© par Ray Cox, dĂ©barquĂ© en aoĂ»t. PrĂ©sentĂ©s comme les champions des orchestres de danse de Panama, Trym et ses acolytes sâappuyaient sur de solides connaissances en jazz et en swing, et ils impressionnĂšrent les musiciens locaux. Le public se dĂ©plaça en nombre pour Gussie Trym, au Silver Slipper Club, au Bournemouth Club, au Murott Lodge, ainsi que dans dâautres hauts lieux de la vie nocturne. Son orchestre sây produisit en compagnie de figures locales du swing, comme les Red Devils de Cooke ou Bob White et ses Garden Harmonizers. La tournĂ©e de trente jours de Ray Cox lui fit visiter diffĂ©rents lieux de concerts de la ville, mais câest sa participation Ă la compĂ©tition de lâInternational Jazz Orchestra, au Ward Theatre, qui lui valut de laisser un souvenir impĂ©rissable aux musiciens de jazz locaux. Cette compĂ©tition de trois orchestres vit Ray Cox affronter Bob White et son orchestre, ainsi que Milton McPherson et ses Royal Jamaicans. DâaprĂšs les comptes rendus de lâĂ©poque, la victoire de Cox fut jugĂ©e aisĂ©e. McPherson termina second. Ces visites permirent dâaccroĂźtre la popularitĂ© locale du jazz. 12Parmi les meilleurs musiciens de JamaĂŻque, beaucoup se sont formĂ©s dans ces orchestres des annĂ©es 1940, affinant leurs aptitudes et se construisant une notoriĂ©tĂ© formidable sur les scĂšnes locales. Pour certains musiciens, la dĂ©monstration de leurs talents au sein de ces formations leur a permis de se faire un nom des deux cĂŽtĂ©s de lâAtlantique. Le saxophoniste Thomas McCook commença sa carriĂšre chez Eric Deans au dĂ©but des annĂ©es 1940, avec pour camarade le trompettiste Raymond Harper. Ă la mĂȘme Ă©poque, le saxophoniste tĂ©nor Wilton Gaynair fut un membre essentiel des Royal Jamaicans de Redver Cooke pendant quelques annĂ©es. Le guitariste de jazz Ernest Ranglin fit ses dĂ©buts de musicien professionnel avec lâorchestre de Val Bennett Ă la fin des annĂ©es 1940. En 1948, Roland Alphonso, qui jouait alors du saxophone alto, joua quelque temps dans lâorchestre de Eric Deans. De son cĂŽtĂ©, Dizzy Reece, trompettiste de jazz reconnu, commença Ă se faire remarquer dans lâorchestre de Jack Brown. 13Bien que lâĂ©clat du swing ternĂźt dans les annĂ©es 1950, la musique de big band Ă©tait toujours privilĂ©giĂ©e pour les orchestres de danse, mĂȘme si elle Ă©tait mal vue de certains musiciens, qui souhaitaient se plonger avec plus de vigueur dans le jazz moderne. Ă la fin des annĂ©es 1950, une troisiĂšme gĂ©nĂ©ration de musiciens Ă©mergea et se mĂ©langea avec quelques membres de la prĂ©cĂ©dente gĂ©nĂ©ration. Câest ainsi que se firent les premiers pas dâune musique qui allait plus tard devenir un style de musique dansante jamaĂŻcain, le ska. Ce style de musique allait lui-mĂȘme influencer plus tard des styles alternatifs de la culture populaire internationale. Cette gĂ©nĂ©ration de musiciens sâinscrivit parmi les nombreux musiciens de jazz jamaĂŻcains qui rĂ©ussirent dans les musiques populaires Ă lâinternational. Parmi ceux-ci, on peut citer les trompettistes Johnny Dizzy » Moore, Oswald Baba » Brooks et Raymond Harper, le cĂ©lĂšbre tromboniste Donald Don » Drummond, les saxophonistes Roland Alphonso et Thomas McCook, ainsi que le tenace pianiste de jazz, alors adolescent, Monty Alexander. Tous se trouvaient Ă cheval entre le jazz et la musique pop. Le jazz jamaĂŻcain dans le monde le SS Empire Windrush 14En tant que sujets coloniaux du Royaume-Uni, les hommes de JamaĂŻque et des CaraĂŻbes servirent au combat au cours de la PremiĂšre et de la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne en pleine phase de reconstruction lança un appel dĂ©sespĂ©rĂ© Ă une forte main-dâĆuvre pour rebĂątir le pays. Cette politique devint plus Ă©vidente pour les CaribĂ©ens lorsque le SS Empire Windrush, navire militaire britannique, se mit Ă les attirer avec des trajets bon marchĂ© pour lâAngleterre. De nombreux JamaĂŻcains au chĂŽmage sautĂšrent sur lâoccasion, voyant le Windrush comme le vaisseau qui allait les conduire vers des possibilitĂ©s dâemploi infinies. Ils laissĂšrent leurs familles, que beaucoup retrouvĂšrent plus tard au Royaume-Uni. Cet exode entraĂźna le dĂ©part de certains des meilleurs musiciens de lâĂźle qui profitĂšrent des dĂ©marches simplifiĂ©es dâimmigration vers lâAngleterre pour sây installer de façon permanente, certains choisissant de sâĂ©tablir dans dâautres pays dâEurope comme la France et lâAllemagne. 15Toutefois, certains musiciens avaient dĂ©jĂ commencĂ© Ă Ă©migrer dĂšs les annĂ©es 1930. Les plus remarquables dâentre eux Ă©taient les trompettistes Leslie Thompson et Leslie Jiver » Hutchinson, le pianiste York DeSouza, le multi-instrumentiste Bertie King, ainsi que lâaspirant ingĂ©nieur Coleridge Goode, qui devint un bassiste de premier plan. Entre les deux guerres, les musiciens noirs britanniques se firent remarquer dans les big bands, y compris au sein dâau moins deux orchestres entiĂšrement composĂ©s de noirs, le Guyanais Ken Snakehips » Johnson et son West Indian Dance Band 1938 ainsi que le JamaĂŻcain Leslie Jiver » Hutchinson avec son Coloured Orchestra 1944. Ces deux orchestres Ă©taient composĂ©s quasi exclusivement de CaribĂ©ens et câest dans ce vivier que les musiciens noirs amĂ©ricains en tournĂ©e venaient piocher pour Ă©toffer leurs orchestres. 7 Benny Carter 1945, Farewell Blues/Iâm Coming Virginia 1945, [78 RPM] France, Swing 201. Avec Be ... 8 En 1934 et 1935, Leslie Thompson effectua une tournĂ©e en Europe avec Louis Armstrong. En 1936 et 19 ... 9 Le pianiste jamaĂŻcain York DeSouza apparaĂźt sur plus dâune douzaine dâenregistrements rĂ©alisĂ©s entr ... 16Certains musiciens, comme les saxophonistes Benny Carter et Coleman Hawkins firent appel aux services de Bertie King au saxophone alto et Ă la clarinette, et Ă York DeSouza pour des concerts et des enregistrements lors de leurs sĂ©jours europĂ©ens dans les annĂ©es 19307. Le trompettiste Leslie Thompson, compatriote de Bertie King, fut employĂ© par Louis Armstrong8, tandis que le trompettiste Leslie Jiver » Hutchinson, le pianiste York DeSouza9 et le bassiste Coleridge Goode trouvĂšrent les faveurs de musiciens amĂ©ricains comme Ray Elligton et Mary Lou Williams et de musiciens français, comme le couple star du Hot Club de France, Django Reinhardt et StĂ©phane Grapelli, qui apprĂ©ciaient le swing des musiciens caribĂ©ens Reinhardt, 2017. Ces JamaĂŻcains ouvrirent la voie pour les autres musiciens dont lâexode sâintensifia avec la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945. Les cuivres, de lâAlpha jusquâau Royaume-Uni 17Parmi ceux qui firent alors leurs valises se trouve notamment le trompettiste de jazz Alphonso Dizzy » Reece, qui fut lâune des figures les plus importantes Ă Ă©migrer en 1948. Il acquit une expĂ©rience de la scĂšne considĂ©rable en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne avant de revenir sâinstaller en Grande-Bretagne en 1950. Dizzy Reece devint lâun des plus grands trompettistes du Royaume-Uni, se produisant et enregistrant avec des musiciens amĂ©ricains en tournĂ©e. Reece fit sortir plusieurs albums de son cru avant de tenter sa chance aux Ătats-Unis en 1959, oĂč il enregistra plusieurs albums pour lâillustre label Blue Note. Reece a participĂ© Ă des sessions dâenregistrements avec des gĂ©ants du jazz, comme Art Blakey et ses Jazz Messengers, mais aussi Hank Mobley ou le saxophone tĂ©nor britannique Edward Brian Tubby » Hayes. Il sâest produit sur les principales scĂšnes de New York, comme le Village Vanguard, le Birdland, et chez Eddie Condon. Avant son dĂ©part de Londres, Reece se distingua en prĂ©sentant Ă ses homologues lâun des penseurs de la musique les plus avant-gardistes de lâĂ©poque. Il sâagissait de son compatriote Joe Harriott, dont les idĂ©es modernistes, les compositions cubistes et les performances interdisciplinaires rĂ©unissant poĂštes et danseurs modernes suscitĂšrent la controverse. 18Joe Harriott, qui jouait du saxophone alto, sâĂ©tait formĂ© Ă Kingston, oĂč il avait fourbi ses armes dans les orchestres de Roy Coburn, dâOssie DaCosta et dans le All Kings Combo, avant dâaller en Europe avec DaCosta et de sâinstaller en Grande-Bretagne en 1951. Harriott avait dâabord Ă©tĂ© un disciple de Charlie Parker, avant de proposer sa propre approche du jazz qui fit de lui le meneur incontestĂ© de lâavant-garde britannique. Ses mĂ©thodes lui valurent Ă la fois dâĂȘtre critiquĂ© et portĂ© aux nues en tant que pĂšre du free jazz europĂ©en, inspirateur de toute une gĂ©nĂ©ration. On retrouvait des CaribĂ©ens dans son groupe de travail, comme Ellsworth Shake » Keene, trompettiste originaire de lâĂźle de Saint-Vincent et le contrebassiste jamaĂŻcain Coleridge Goode. 19Le saxophoniste tĂ©nor Wilton Gaynair fut lâun des autres gĂ©ants du jazz issus de lâAlpha School. Tandis quâil Ă©tait encore Ă©lĂšve Ă lâAlpha, Gaynair fut autorisĂ© Ă jouer dans le big band de Carlyle Henriques. Ă sa sortie de lâĂ©cole, il gagna sa place au sein de la formation de Redver Cooke, puis des orchestres de Roy Coburn et dâOzzie Wilkins. InspirĂ© par Coleman Hawkins, Eddie Lockjaw » Davis et Sonny Rollins, Gaynair dĂ©veloppa son propre son puissant. Entre la fin des annĂ©es 1940 et son Ă©migration au milieu des annĂ©es 1950, Gaynair fut considĂ©rĂ© comme la vedette des saxophones tĂ©nors de lâĂźle, statut qui lui valut une invitation Ă jouer au sein de lâorchestre des Jamaica All-star de 1948. Il fit son arrivĂ©e Ă Londres en 1956, oĂč il se fit remarquer, avant de sâinstaller en Allemagne, oĂč il devint lâun des musiciens de jazz les plus exceptionnels du pays. Blue Bogey », son disque de 1958, est incontestablement lâun des trĂ©sors de lâhistoire des enregistrements du jazz. Comme lâaffirment ses camarades musiciens Tommy McCook, Janet Enwright, Sonny Bradshaw et Roland Alphonso, lâinfluence de Gaynair sur les autres musiciens de lâĂ©poque fut immense. 20Le principal concurrent de Gaynair au sommet de lâart du saxophone tĂ©nor fut probablement un autre ancien Ă©lĂšve de lâAlpha School, Harold Little G » McNair. Ce dernier illustre encore une fois lâapprĂ©ciation profonde, la comprĂ©hension et lâancrage corporel que rencontra le langage jazz chez les musiciens jamaĂŻcains. Il commença le saxophone tĂ©nor en 1945, et en lâespace de cinq ans, il fit dĂ©jĂ partie dâorchestres swing comme celui de Whylie Lopez ou les Honeydrippers, dirigĂ©s par Baba Motta. McNair participa Ă dâautres orchestres dirigĂ©s par Baba Motta Ă la fin des annĂ©es 1940 et au dĂ©but des annĂ©es 1950, sâassurant ainsi un important succĂšs local. 21Les talents exceptionnels dâinstrumentiste de McNair ne sâarrĂȘtaient pas au saxophone tĂ©nor. Il Ă©tait tout aussi douĂ© au saxophone alto, Ă la clarinette, mais surtout Ă la flĂ»te. Pour complĂ©ter le tout, il faisait un bon chanteur. Ses prouesses de multi-instrumentiste attirĂšrent lâattention Ă lâinternational, lui valant de travailler Ă Nassau, dans les Bahamas, Ă Londres, en Europe et Ă New York. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, il collabora et enregistra Ă Londres avec certains des meilleurs musiciens de jazz de Grande-Bretagne, parmi lesquels Tony Crombie, Phil Seaman, Stan Tracey et Terry Shannon. Ă Londres, il se produisit et enregistra Ă©galement avec le grand saxophoniste amĂ©ricain Zoot Simms, au trĂšs rĂ©putĂ© jazz club de Ronnie Scott. En Europe, il fit une tournĂ©e avec Quincy Jones et Kenny Clarke. De retour au Royaume-Uni, il enregistra ce que lâon considĂšre comme son meilleur disque, Affectionate Fink McNair, 1965, sur lequel on retrouve David Izenzon, le contrebassiste dâOrnette Coleman, le batteur Charles Moffett et lâAnglais Alan Branscombe au piano. McNair eut Ă©galement du succĂšs auprĂšs des musiciens rock et pop qui Ă©mergeaient Ă cette Ă©poque, tournant et enregistrant avec Donovan ou avec lâAirforce de Ginger Baker. Les enregistrements de McNair, comme son premier Up in the Air », Harold McNair », The Fence » ou Flute and Nut », sont parmi les plus recherchĂ©s et les plus rĂ©vĂ©rĂ©s du jazz, mĂȘme si câest son Affectionate Fink » qui remporte tous les suffrages. Ernest Ranglin 22Le guitariste Ernest Ranglin est considĂ©rĂ©, aussi bien par les musiciens que les critiques, comme lâun des plus grands maĂźtres de lâinstrument dans le jazz de ces 50 derniĂšres annĂ©es. Son talent est apparu dĂšs lâenfance, en observant ses oncles jouer de la guitare et en essayant de reproduire leurs gestes. Il Ă©coutait avec une grande attention la musique Ă la radio et ce fut lorsquâil entendit des disques du remarquable guitariste Charlie Christian que son destin de musicien fut scellĂ©. Encore adolescent, il rejoignit lâorchestre de Val Bennett en 1948 oĂč il se forma en jouant dans des stations balnĂ©aires et des hĂŽtels. Le fameux chef dâorchestre Eric Deans recruta Ranglin dans sa formation quelques annĂ©es plus tard, lâemmenant en tournĂ©e en HaĂŻti et aux Bahamas. Toutes ces expĂ©riences permirent au guitariste dâinteragir avec des collĂšgues musiciens, dâacquĂ©rir des compĂ©tences de compositeur et dâarrangeur ainsi que dâĂ©largir sa perception et ses conceptions de la musique. 23En 1958, Ranglin se produisait avec sa propre formation lorsque Chris Blackwell repĂ©ra son talent hors pair de musicien et lui offrit sa premiĂšre opportunitĂ© dâenregistrer. Ce fut une premiĂšre pour les deux jeunes hommes, car, le disque, rĂ©alisĂ© avec le pianiste bermudien Lance Hayward, permit de lancer Island, le label fondĂ© par Blackwell, et de rĂ©vĂ©ler Ranglin en tant quâartiste prometteur, scellant une amitiĂ© indĂ©fectible entre les deux. Outre le jazz, Ranglin proposait des rĂ©interprĂ©tations de morceaux pop. Il dĂ©montrait par ces travaux audacieux mais accessibles quâil savait faire preuve dâautant dâhabiletĂ© dans ce domaine que dans ses interprĂ©tations plus jazz. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, Ranglin Ă©tait devenu un guitariste de choix pour les producteurs, qui insistaient pour le faire participer Ă des sessions dâenregistrements de diverses musiques populaires, dont le mento, le rhythm and blues et le ska. 24En plus du succĂšs commercial rencontrĂ© en Angleterre par son arrangement du hit international My Boy Lollipop » pour la chanteuse Millie Small 1964 â production Ă©galement signĂ©e Blackwell â Ranglin se produisit chez Ronnie Scott, illustre jazz club londonien, devant un public enthousiaste. Cela le conduisit Ă prolonger son sĂ©jour et Ă se produire avec les formations de Ronnie Scott, ce qui le fit connaĂźtre dâun public plus large et lui valut dâĂȘtre dĂ©signĂ© meilleur guitariste dans un sondage de 1964 du Melody Maker portant sur le jazz. Le bouche Ă oreille qui se transmit par les autres musiciens de jazz, parmi lesquels Les Paul, Sonny Stitt, Randy Weston, Sonny Rollins et Ronnie Scott, permit Ă Ranglin de poser les bases dâune carriĂšre internationale, au-delĂ de la JamaĂŻque et de la Grande-Bretagne, qui le vit jouer en Europe, au Japon et en AmĂ©rique. BĂ©nĂ©ficiant du soutien de ses pairs et dâune carriĂšre longue de plus de soixante ans, Ranglin est devenu un musicien distinguĂ©, se produisant dans les clubs, les festivals et les concerts dans le monde entier. On reconnaĂźt en lui un musicien dont la vaste culture lui a permis de fondre son style sans difficultĂ© dans toutes les situations musicales rencontrĂ©es. DotĂ© dâune imagination vive et riche, dâune inventivitĂ© mĂ©lodique fascinante et dâun lyrisme astucieux, Ernest Ranglin, sa technique jazz et son individualitĂ© grandiose suscitent et susciteront encore lâadmiration du public pendant de longues annĂ©es. Monty Alexander 25Le pianiste Monty Alexander sâest construit un crĂ©neau qui lui est propre. Ce musicien de jazz est restĂ© visible et sollicitĂ© depuis son installation aux Ătats-Unis, il y a plus de 50 ans. De tous les jazzmen jamaĂŻcains, câest celui chez qui transparaĂźt le plus lâinfluence de la musique caribĂ©enne, son sautillement, et sa pulsation. Cela ne signifie pas pour autant quâil ne sache pas jouer bebop ou quâil ne puisse pas interprĂ©ter le blues tourmentĂ© selon la tradition du vocabulaire jazz. Mais en concert, ses inflexions rythmiques particuliĂšres trahissent son trĂšs fort ancrage jamaĂŻcain. NĂ© Ă Kingston en 1944, Monty Alexander dĂ©couvrit lâattrait du piano Ă ses quatre ans. Vers ses six ans, ses parents lâenvoyĂšrent, comme tant dâautres enfants, suivre des cours de musique. Ă lâĂąge dâentrer au lycĂ©e, Monty Alexander commençait dĂ©jĂ Ă enregistrer avec des musiciens plus ĂągĂ©s, dont le contrebassiste Cluett Johnson, le guitariste Ernest Ranglin et le saxophoniste Roland Alphonso au Federal Studio. 26Il a rĂ©cemment expliquĂ© Ă son public de Kingston que câest lorsque ses parents lâont amenĂ© Ă un concert de Louis Amstrong que sa vie a Ă©tĂ© bouleversĂ©e Ă jamais, forgeant sa vocation de jazzman. Les visites de Nat Cole, Oscar Peterson et dâautres sommitĂ©s du jazz sur lâĂźle ne firent que renforcer cette envie chez lui. Mais la musique populaire coulait encore dans ses veines lorsquâil monta son premier groupe, Monty and the Cyclones, se produisant dans les clubs et obtenant mĂȘme lâopportunitĂ© dâenregistrer. En 1961, aprĂšs le dĂ©mĂ©nagement de sa famille pour Miami, en Floride, Monty Alexander trouva du travail comme pianiste dans cette ville. Au passage, il en profita pour se faire repĂ©rer par Frank Sinatra et son ami Jilly Rizzo, un propriĂ©taire de clubs qui lâinvita Ă venir jouer Ă New York. Ce projet fut contrecarrĂ© par la prolongation dâun contrat Ă Las Vegas, mais une nouvelle rencontre accidentelle avec Sinatra et Rizzo Ă Las Vegas lui permit dâobtenir son billet dâavion pour New York, oĂč Monty Alexander sâest installĂ© et vit depuis lors. 27Le style de Monty Alexander sâest formĂ© sous lâinfluence dâErrol Garner, Oscar Peterson, Ahmad Jamal, Wynton Kelly, pianiste dâorigine jamaĂŻcaine trĂšs demandĂ©. LâintĂ©rĂȘt suscitĂ© par son jeu chez les musiciens de jazz comme Ray Brown, Harry Sweets » Edison, Milt Jackson et dâautres a permis de lancer la carriĂšre de Monty Alexander. 10 En plus dâavoir enregistrĂ© plus dâune centaine de disques avec les plus grands artistes du jazz du ... Chanteur accompli dans la tradition des crooners, Monty Alexander a, en plus des chansons populaires, rendu hommage Ă Nat King Cole. Il a Ă©galement fait retour Ă ses racines en montant un groupe de reggae et en enregistrant avec les musiciens de reggae Sly Dunbar et Robbie Shakespeare. Il a formĂ© le Harlem Kingston Express qui amalgame ses formations jazz et reggae. Lâincorporation du mĂ©lodica Ă sa musique lui a permis dâembrasser la tradition dub jamaĂŻcaine, bouclant ainsi une trajectoire faite dâallers-retours10. 28Parlant de sa conception musicale avec le critique Tom Ineck, Monty Alexander explique Ineck, 2016 Il sâagit avant tout dâune saveur. Câest une rĂ©alitĂ© tellement contagieuse pour les gens ordinaires. Par lĂ , je veux dire les gens qui ne sont pas forcĂ©ment sophistiquĂ©s, qui ne connaissent pas sur le bout des doigts les tenants et les aboutissants de lâhistoire du jazz telle quâelle nous a Ă©tĂ© transmise par les maĂźtres. Dans lâensemble, ça vient dâune autre source. Il sâagit avant tout de danser et de se sentir bien. Les gens aiment sentir le rythme et lorsquâon lâapproche diffĂ©remment, ça produit un mariage heureux pour lâauditeur, et encore plus pour moi quand je le joue. Parce que, mĂȘme si câest diffĂ©rent des concerts avec des musiciens purement jazz, jây trouve mon compte. Pour moi, câest toute une culture, câest ma jeunesse en JamaĂŻque et mon lien avec tout ce qui a pu sortir de JamaĂŻque. Monty Alexander a jouĂ© et enregistrĂ© avec les plus grands noms du jazz, dont Clark Terry, Ernestine Anderson, Benny Golson, Ray Brown. Douglas Ewart 29On connaĂźt le JamaĂŻcain Douglas Ewart en tant que multi-instrumentiste ayant Ă sa disposition une grande variĂ©tĂ© dâinstruments, comme musicien ayant fait de la diversitĂ© culturelle la plus Ă©tendue sa demeure. DâaprĂšs certains, lâĆuvre crĂ©ative si diverse de Douglas Ewart pourrait ĂȘtre prise pour la production dâune culture en entier plutĂŽt que la crĂ©ation dâun seul homme ». Le critique de jazz Glenn Siegel 2015 dĂ©crit Ewart comme un improvisateur douĂ©, capable de donner naissance Ă des sons et des histoires en temps rĂ©el, sans programme prĂ©alable ». Mais le talent de ce maĂźtre jamaĂŻcain ne sâarrĂȘte pas Ă la musique. Comme Siegel lâexplique Ewart est historien et il est Ă©galement lâancien prĂ©sident de la trĂšs influente AACM de Chicago Association for the Advancement of Creative Musicians. Il est Ă©galement sculpteur dâenvergure internationale, luthier, professeur, poĂšte et musicien. Il est lâincarnation du mot dâordre multidisciplinaire de lâAACM ». 11 Les grounations sont des rĂ©unions et cĂ©rĂ©monies rituelles dans le mouvement rastafari, dans lesquel ... 30NĂ© Ă Kingston en 1946, Douglas Ewart vĂ©cut son adolescence parmi la communautĂ© rastafarienne de Count Ossie, dans les collines de Wareika, oĂč il participa aux grounations11 ». Il dĂ©couvrit la musique des Skatalites, en particulier celle de Don Drummond, et se mit Ă©galement Ă crĂ©er des objets dâart de toutes sortes. Il Ă©migra aux Ătats-Unis en 1963 et rejoint lâAACM, oĂč il Ă©tudia le saxophone et la thĂ©orie musicale avec Roscoe Mitchell et Joseph Jarman. InspirĂ© par la force de ces deux maĂźtres des instruments Ă vent ainsi que par les conceptions crĂ©atives du pianiste Muhal Richard Abrams, il fit sienne lâidĂ©e de lâAACM selon laquelle la musique est une question de vie ou de mort ». Lorsquâil Ă©tait encore JamaĂŻque, Ewart avait accordĂ© autant dâintĂ©rĂȘt Ă la musique quâaux mouvements sociaux. Les grounations auxquelles il assista dans le camp de Count Ossie lui inculquĂšrent des aspects de la culture musicale et philosophique des Rastafariens qui allaient plus tard influencer des membres de lâAACM, plus particuliĂšrement parmi la seconde gĂ©nĂ©ration. 31Ătant donnĂ©e lâĂ©tendue des concepts multidisciplinaires de lâAACM, il nâest pas surprenant que certains de ses membres se soient nourris de caractĂ©ristiques liĂ©es aux Rastafariens de JamaĂŻque. Parmi ces caractĂ©ristiques, on retrouve lâadoption du style capillaire des dreadlocks » ainsi que la musique nyahbinghi, qui furent introduits dans la culture populaire par les musiciens de reggae en tournĂ©e. Des membres de la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration de lâAACM figurent sur le disque de Douglas Ewart Velvet Drum Meditations », enregistrĂ© avec son Nyahbinghi Drum Choir. Cette Ćuvre est dĂ©dicacĂ©e Ă celui qui fut son mentor dans sa jeunesse Oswald Count Ossie » Williams et son groupe Mystic Revelation of Rastafari. George Lewis 2009 277, tromboniste, improvisateur fĂ©ru de technologie, ami proche et collaborateur dâEwart, Ă©voquant la contribution Ă lâAACM de ce dernier Ă©crit que Douglas Ewart est assurĂ©ment une figure charniĂšre de cette deuxiĂšme vague ». 32Douglas Ewart est un improvisateur acclamĂ© par la critique, dont la carriĂšre longue de plus dâun demi-siĂšcle lâa vu se produire dans tous les contextes musicaux imaginables le ska, le Nyahbinghi rastafarien, le Dixieland, le jazz moderne, le bebop, la musique expĂ©rimentale, la musique dâavant-garde. Il a jouĂ© avec des danseurs, des poĂštes, des peintres ainsi que des gens de la rue. Il a expĂ©rimentĂ© de nombreuses formes pour le cinĂ©ma, pour le théùtre. Il sâest produit en solo et avec de grands orchestres, avec des enfants. Il est difficile, voire impossible dâimaginer une forme que ce penseur et ce multi-instrumentiste nâait pas explorĂ©e au nom de lâimprovisation jazz. Coda 33Les musiciens de jazz jamaĂŻcains, Ă domicile comme Ă lâĂ©tranger, ont contribuĂ© Ă la dĂ©finition de cette musique mondiale avec autant de conviction, dâĂ©nergie crĂ©ative et dâinfluence que les autres. Des grands maĂźtres du jazz, comme Bertie King, Leslie Jiver » Hutchinson, Coleridge Goode, Wilton Bra » Gaynair, Harold Little G. » McNair, Dizzy Reece, Sonny Gray, Douglas Ewart, Kenny Terroade, Ernest Ranglin, Monty Alexander et particuliĂšrement Joe Harriott se sont distinguĂ©s parmi les innovateurs les plus remarquables du jazz. Parmi ces musiciens, certains ont enregistrĂ© et se sont produits avec des AmĂ©ricains comme Louis Armstrong, le Modern Jazz Quartet, Mary Lou Williams, Benny Carter, Coleman Hawkins, Quincy Jones, Eric Dolphy, Randy Weston et Miles Davis. DĂšs 1926, le King of the Zulu » de Louis Armstrong fait appel Ă la prĂ©sence des jamaĂŻcains dans le jazz. Alors quâArmstrong proteste contre lâinterruption de son solo par un gĂȘneur, on entend lâimportun rĂ©pliquer avec son accent jamaĂŻcain Armstrong, 1926 Je viens de JamaĂŻque, et je ne veux pas interrompre la fĂȘte, mais un de mes compatriotes me dit que câest la folie ce quâil se passe ici. Madame, vous pouvez jouer un morceau et me dire que ça balance, mais moi, je vais prendre un cuivre et je vais vous montrer un vrai morceau de jazz de chez moi. 12 West Indian Blues » contient dâailleurs des similaritĂ©s frappantes avec le Englerston Blues » d ... 34Le compositeur et pianiste de jazz Thomas Fats » Wallers, contemporain dâArmstrong, rendit Ă©galement hommage Ă la contribution des JamaĂŻcains au jazz en enregistrant avec ses Jamaica Jammers le morceau West Indian Blues » en 1924, dĂ©dicacĂ© Ă Marcus Garvey Waller, 199212. De mĂȘme, des jazzmen modernes comme Lester Bowie ou le talentueux guitariste de session Eric Gayle sâinstallĂšrent en JamaĂŻque au cours des annĂ©es 1970, sâabreuvant de rythmes reggae. Ils furent tous deux parmi les premiers Ă introduire ces rythmes dans le jazz contemporain ou moderne aux Ătats-Unis. Ă la mĂȘme Ă©poque, des trombonistes comme Steve Turre, Delfeayo Marsalis et George Lewis, chantĂšrent les louanges et rendirent hommage Ă leur homologue jamaĂŻcain Don Drummond. 35De mĂȘme que le jazz a influencĂ© la musique populaire jamaĂŻcaine, les cadences et les inflexions de la musique jamaĂŻcaine et caribĂ©enne ont, Ă de nombreuses reprises, colorĂ© le langage et rythme du jazz. La personnalitĂ© et la syntaxe des indĂ©nombrables maĂźtres respectĂ©s du jazz dâorigine jamaĂŻcaine ou caribĂ©enne ont contribuĂ© Ă modeler lâesthĂ©tique jazz. Comme Duke Ellington le fait remarquer dans un livre 1990 108-109 Toute une lignĂ©e de musiciens caribĂ©ens a dĂ©barquĂ© et a contribuĂ© Ă ce quâon appelle la scĂšne jazz. » Ăvoquant plus spĂ©cifiquement le talent hors pair de son tromboniste caribĂ©en Tricky » Sam Nanton, Ellington poursuit En fait, il jouait une forme trĂšs personnelle issue de son patrimoine caribĂ©en. Lorsquâun type dĂ©barque ici des CaraĂŻbes et quâon lui demande de jouer du jazz, ce quâil joue correspond Ă ce quâil pense quâest le jazz, ou Ă ce qui dĂ©coule de sa propre interprĂ©tation de lâidiome. Tricky » et ses compatriotes Ă©taient profondĂ©ment ancrĂ©s dans lâhĂ©ritage caribĂ©en du mouvement de Marcus Garvey⊠Comme il mâest arrivĂ© de le dire, le bop est le prolongement de Marcus Garvey dans le jazz. ibid. 36Les JamaĂŻcains, depuis leur expĂ©rience de la colonisation et des plantations britanniques, ont utilisĂ© la musique, y compris le jazz, pour affirmer leur libertĂ©, leur indĂ©pendance et leurs valeurs artistiques. Ce faisant, ils ont enrichi lâhumanitĂ©, lui apportant un optimisme et une musique ingĂ©nieuse qui, partis de JamaĂŻque, ont essaimĂ© dans le monde entier.
Encouple avec le producteur de musique jamaĂŻcain Bob Morgan au milieu des annĂ©es 90, Sade Adu a donnĂ© naissance en 1996 Ă une petite fille nommĂ©e Mickailia Ila Adu. Le 11 octobre 2016, celle-ci annonce publiquement quâelle est transgenre lors de la JournĂ©e internationale du coming out, Ă lâĂąge de 20 ans. Soutenue par sa mĂšre, Mickailia Ila Adu devient
Jamrock, Jamyard, The Rock ou encore The Yard sont autant de surnoms pour dĂ©signer la JamaĂŻque. Le terme Yardie », quoiquâun peu pĂ©joratif, est dâailleurs commun, entre JamaĂŻcains, pour signifier lâappartenance aux leurs. Une propriĂ©taire de restaurant dĂ©gustant une crĂšme glacĂ©e. Qui sont les JamaĂŻcains que nous connaissons aujourdâhui? Ils auraient pu ĂȘtre des Arawaks, ces indigĂšnes qui vivaient sur lâĂźle de Xamaica depuis des milliers dâannĂ©es, mais ceux-ci furent exterminĂ©s par les Espagnols au 15e siĂšcle. PlutĂŽt, les JamaĂŻcains dâaujourdâhui sont issus des Africains rĂ©duits en esclavage et transportĂ©s lĂ depuis les ports dâAfrique de lâOuest. Un jour de mai 1655, en pleine guerre coloniale entre Anglais et Espagnols, la marine britannique sâempara de lâĂźle et de ses plantations. SâopĂ©rĂšrent alors des changements en surface â des nouveaux visages, les esclaves irlandais notamment -, surface sur laquelle les vastes Ă©tendues de canne Ă sucre Ă©taient toujours exploitĂ©es par la main-dâoeuvre issue de la traite nĂ©griĂšre. En ouvrant la carte, remarquez le mĂ©lange de langues dans la toponymie des paroisses aux noms anglophones uniquement, mais plusieurs villages aux noms espagnols. Bref, que ce soit sous la fĂ©rule espagnole ou anglaise, lâĂ©poque coloniale Ă©quivaut Ă lâexploitation dâune main dâĆuvre venue dâailleurs, devenue jamaĂŻcaine. Avant dâĂȘtre une Ă©quipe de hockey montrĂ©alaise, les Marrons Ă©taient les esclaves qui parvenaient Ă sâenfuir dans les montagnes, en se cachant dans la jungle. Ils Ă©tablirent des villages prĂšs des sources dâeau, encore habitĂ©s par leurs descendants. Dans leur lubies coloniale, les Anglais dĂ©porteront en JamaĂŻque des Indiens, puis des Asiatiques, pas vraiment des esclaves, mais dont la vie Ă©tait Ă peine plus enviable. Mike, JamaĂŻcain dâorigine indienne, est le propriĂ©taire prospĂšre dâune boutique de souvenirs Ă Negril. La diversitĂ© ethnique de la population jamaĂŻcaine en surprendra plus dâun, mais quâils soient des descendants de Noirs, de Marrons, de Caucasiens ou dâAsiatiques, les JamaĂŻcaines et les JamaĂŻcains ont obtenu leur indĂ©pendance en 1962, tout en devenant membres, comme le Canada, du Commonwealth britannique. Une organisation devant laquelle ils sont de plus en plus sceptiques. Jah Dee », cuisto pour la cinquantaine de pĂȘcheurs Ă Farquharâs Beach. Aujourdâhui, le peuple jamaĂŻcain vit du tourisme, de lâextraction miniĂšre, dâagriculture, de pĂȘche, de musique et des retombĂ©es dâune importante Ă©conomie informelle, allant de la simple transaction sans facture Ă un trafic international de la drogue, en passant par le banditisme et la prostitution. Jâaimerais pouvoir affirmer sans lâombre dâun doute que tous les JamaĂŻcains que jâai rencontrĂ©s sont Ă©minemment sympathiques câest le cas du cuisinier, rassurez-vous, mais la vie nâest pas un conte de fĂ©e. La JamaĂŻque se caractĂ©rise par un taux de criminalitĂ© trĂšs Ă©levĂ©, qui prend surtout forme dans les garrisons de Kingston, oĂč une guerre civile larvĂ©e empoisonne la vie des citoyens depuis plus de quarante ans. Kingston, un port en eau profonde, est situĂ© Ă un endroit stratĂ©gique dont profitent les trafiquants dâarmes et de drogue de lâAmĂ©rique latine et des autres Ăźles du bassin caribĂ©en. Ă ce phĂ©nomĂšne sâajoute lâexode rural vers la cĂŽte et vers les emplois disponibles, lĂ©gaux ou pas. Cet exode est palpable lâagriculture et les pĂȘches ne parviennent pas Ă subvenir aux besoins de la population. Il faut donc importer les produits, ce qui gonfle les prix, en ville comme en campagne. Pour la plupart des jeunes, lâoption la plus viable est le dĂ©part vers la ville, la cĂŽte ou le monde. Les garçons des Ă©coles publiques portent des habits bruns, les filles, des robes bleues. Si lâĂ©cole primaire est obligatoire pour tous, ce sont majoritairement les filles qui poursuivent les Ă©tudes au-delĂ du secondaire. Sâils pouvaient tous avoir un visa, vous ne verriez plus un seul jeune en JamaĂŻque. Câest ainsi que Walter Campbell, un paysan agriculteur et producteur de cannabis, mâavait prĂ©sentĂ© la chose lors dâune entrevue diffusĂ©e dans une chronique radio Ă Le Monde Bouge CHYZ FM 94,3. Cela dit, je vous laisse vous faire votre propre opinion des JamaĂŻcains au fil de vos dĂ©couvertes. Il nâen existe aucun portrait unidimensionnel, quoi quâen disent les journaux. Dans lâordre sans moi! Karl, Jermaine et Tanise, Mickel, Njeri. COMPLĂMENT DâINFORMATION Le World Fact Book amĂ©ricain contient Ă©normĂ©ment dâinformations sociodĂ©mographiques et Ă©conomiques sur la JamaĂŻque. Follow Nic_Pel
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